Parce que vous le valez bien !
Dimanche 9 novembre, six heures après le départ du Vendée Globe, Cheminées Poujoulat est victime d’une collision avec un petit cargo maltais et doit revenir aux Sables d’Olonne pour réparer le bout dehors arraché. Dès l’annonce de l’accident et du retour de Bernard Stamm, son équipe se prépare pour l’accueillir et organise un premier chantier ; Le lundi 10, à deux heures du matin, une chaîne de solidarité spontanée est à pied d’œuvre quand Cheminées Poujoulat arrive au port escorté par plusieurs semi rigides et accueilli par une foule chaleureuse.
Il faudra finalement trois jours pour remettre le bateau en état de marche. Si la liste canonique des travaux effectués en un temps record sur Cheminées Poujoulat n’est pas comparable aux 12 travaux d’Hercule, il n’en demeure pas moins vrai que ce sont 12 personnes qui ont travaillé sans relâche aux côtés de l’équipe technique du bateau pour que Bernard reparte au plus vite et dans les meilleures conditions.
Trois chantiers ont finalement été organisés dès lors que Bernard et son équipe ont constaté l’ensemble des dégâts et après l’expertise de Manu Le Borgne. Le premier sur le bout-dehors, pris en charge par Thierry Dubois, son ami alpiniste André, Marianne d’Aquarelle.com et Emeric du team Poujoulat. Deux personnes de chez Tresto se sont occupées de l’intérieur du bateau, des cloisons cassées et du livet, tandis que Dan, de chez Gitana Eighty réparait l’étrave avant tribord. Enfin, François et Jean Pierre de chez CDK ont travaillé sur le meulage et la stratification du mât. Eric Cochet, l’ineffable ‘Cocoche’, roi des ficelles, s’est concentré sur la sous barbe du bout-dehors et les points d’ancrage des voiles d’avant. Il a aussi contrôlé le latéral du mât qui avait bougé. Parallèlement, Bruno Jourdren s’est occupé du gréement et a réalisé l’aller-retour à Lorient chez Grec Marine où était usinée la pièce de la barre de flèche à remplacer. A noter que la matière de cette pièce avait été récupérée aux Sables d’Olonne et transformée nuitamment à Lorient !
Le grutier de Port Olonna a fait l’impasse sur sa pause du 11 novembre pour apporter sa contribution, Laetitia et Jérôme du Vog ont fourni les travailleurs en nourritures et boissons, le stand des Sables d’Olonne, qui avait fermé ses portes le dimanche soir, a remis en service son espace pour que l’équipe de communication puisse travailler…
Plusieurs équipes des concurrents du Vendée Globe ont apporté leur aide matérielle à Bernard Stamm. A commencer par Erwan Steff et Jacques Caraës de Generali qui ont accueilli Cheminées Poujoulat à l’entrée du port des Sables. Enfin, les teams de Roxy, Delta Dore, Ecover, Groupe Bell, Véolia, VM, Akéna, Foncia et Generali ont prêté le matériel dont l’équipe technique avait besoin, des bâches, une pompe à vide, du carbone ect... Pour cela, merci à Gégé, Tim, Dan, Manu...
Jeudi 13 novembre, au beau milieu de la nuit, Cheminées Poujoulat largue enfin les amarres, accompagné par une dizaine d’embarcations ; il franchit à nouveau la ligne de départ du Vendée Globe à 4 heures 25. Une longue route solitaire attend Bernard Stamm. Les premiers jours ne l’épargnent pas, il se coltine deux zones de calmes coup sur coup et son écart avec la tête de course ne cesse de s’accroître. Il lui faudra attendre cinq jours pour retoucher du vent du côté des côtes portugaises…
Dans l’adversité, c’est la patience qui prime. Bernard s’est donc armé de cette qualité rare chez les compétiteurs. Mais au-delà, c’est également cet élan de solidarité et le travail titanesque qui a été accompli en un temps record qui a donné au skipper de Cheminées Poujoulat la force de repartir et de se battre. «Je suis un peu spectateur de la course que je me suis acharné à préparer, avec toute mon équipe, pendant de longs mois, voire des années. Du coup, il y avait une question redondante qui me trottait sous le crâne : à quoi ça sert ? Vivre avec le sentiment de n'avoir même pas essayé, risque de me poursuivre très longtemps, voilà à quoi ça sert. Entre autre. Parce que, en ce moment je suis sous spi, grande voile haute, qu'il y a entre quinze et vingt noeuds de vent, de nuit, sans un seul nuage, une lune plus tout à fait pleine. Cheminées Poujoulat glisse au portant avec juste ce qu'il faut de début de mer croisée pour corser un peu l'exercice. Rien que pour ça, ça en valait la peine. Encore un grand merci à mon équipe, mes partenaires et l'équipe improvisée dans l'urgence, qui m'ont permis de repartir ».
Depuis la terre, les messages de soutien ont salué le skipper. Erik Orsenna, le parrain du projet dit ici toute son admiration : «Bernard, juste te dire mon respect que tu sois reparti. Il y a des fois où la chance dit non, encore non et puis soudain oui. Il y a des fois où c'est le chemin qui compte. Il y a des fois où le bonheur arrive par une porte qu'on ne regardait pas. Il y a des fois où l'histoire n'est pas où on croyait. Il y a des projets qui naissent sous le projet. Il y a des libertés hors du cadre. Il y a des fois où on se surprend soi même. Il y a des fois où on court tout seul. Il y a des fois où son rêve fait du bien aux autres. Il y a des fois où on raconte qu'on navigue la nuit sans un nuage. Il y des gens à terre qui entendent et qui écarquillent les yeux, comme des enfants. Merci. »
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05 novembre 2008
Il y en a 20 qui peuvent gagner !